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20 septembre 2014 6 20 /09 /septembre /2014 18:14

ARNAUD de CLERENS des Cassès (canton de Castelnaudary)

  et sa femme GUILLEMETTE.

Contexte :

    C’est à partir de 1245 que Bernard de Caux et Jean de Saint-Pierre, sur le parvis de la basilique Saint-Sernin à Toulouse, lors des grands sermons, qui dirigent le tribunal de l’inquisition. Il s’agit ici de deux fragments des confessions que ce couple fait après une première déposition et un séjour à la prison toute proche de la basilique. Le village des Cassès  fut un haut lieu du catharisme où Simon de Montfort fit brûler une soixantaine de parfaits en 1211 et qui connaît, après le bûcher de Montségur, des visites fréquentes de parfaits assurant leur ministère dans la clandestinité, fuyant les rigueurs de l’inquisition, les risques des délations, les officiers de Raimond VII et les armées royales. IMGP0737

Déposition d’Arnaud :

    L’an que dessus le 3 des ides de novembre (11 novembre 1245), Arnaud de Clérens… ajoutant à sa confession dit :

    J’ai vu ces parfaits Raimond de Mirepoix et Bernard Fort chez moi. J’ai vu avec eux Guillaume de Vallières de Saint-Félix et un autre dont je ne me rappelle pas le prénom mais je crois qu’il s’appelle Barrau et sa femme Guillemette. Tous, et moi-même, avons adoré ces parfaits.
    Il y a trois ans ou environ (donc 1242).

    Et alors ces parfaits hérétiquèrent (reçurent et consolèrent) la mère de Guillaume de Vallières à ce que j’entendis dire à Pierre Crestian du Vaux. Et ce Pierre de Vallières emporta alors avec sa jument du blé qu’il avait donné pour cette hérétication de sa mère à destination de Montségur…

Déposition de Guillemette :

    L’an du Seigneur 1245, quatorze des calendes de décembre (18 novembre 1245), Guillemette, femme d’Arnaud de Clérens… dit :

… Item, les frères Raimond Isarn et Etienne des Cassès mirent vingt setiers de froment dans une fosse (souterrain creusé dans l’argile servant de silo et, au besoin, de refuge) dans ma maison. Puis peu de temps après, ces frères Raimond Isarn et Etienne allèrent à Montségur à ce que j’entendis dire, se firent parfaits et y furent brûlés.

    Il y a deux ans et demi que cela eut lieu (donc fin 1242).

Commentaires :

     Dans cette courte et fragmentaire confession, sont nommés par Arnaud :

Deux parfaits,

Quatre croyants,

Un sympathisant.

    Très fréquemment, après avoir été reçus et consolés, les nouveaux parfaits et parfaites offraient des vivres, de l’argent, des terres, un domaine en signe de reconnaissance. Ces dons constituent en grande partie ce que l’on appelle « le  trésor » de Montségur.

Par sa femme, sont cités deux croyants qui allèrent à Montségur portant vingt setiers de froment, les frères Raymond Isarn et Etienne ; ceux-ci  figurent parmi les consolés de la Mi-Carême, le dimanche 13 mars 1244, et moururent sur le bûcher parmi les deux cent vingt-quatre parfaits « dans un enclos fait de pals et de pieux où l’on mit le feu » écrit Guillaume de Puylaurens dans laChronique.

     La systématicité de l’inquisition s’exprime dans l’interrogatoire du seigneur du village DES CASSES à savoir Raimond de Roqueville qui, requis, le trois des calendes de février (30 janvier 1246), dit :

    Madame Raimonde, ma femme, se sauva alors qu’elle avait une maladie. Par la suite, je sus et entendis dire qu’elle alla auprès des parfaits à Montségur et qu’elle y mourut.

    Il y a cinq ans à la dernière Sainte-Cécile…(donc 1240).

    Dans sa déposition devant Frère Ferrer le 23 février 1244, la parfaite Dias de Saint-Germier avoue que « déjà parfaite dès 1225 par Guiraud de Gourdon chez elle et, arrivée à Montségur à la fin de 1240, elle apprit que Raimonde de Roqueville fut reçue et consolée par l’évêque Bertrand Marty avant de mourir ».

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Bibliographie :

 Registre de Bernard de Caux et Jean de Saint-Pierre (1245-1246),  Bibliothèque municipale de Toulouse Ms 609.

GUILLAUME DE PUYLAURENS, Chronique, Le Pérégrinateur, 1976.

DUVERNOY (J.), Le dossier de Montségur, le Pérégrinateur, 1998.

DUVERNOY (J.), Le Catharisme, 2 tomes, Privat, 1976 et 1979.

ROQUEBERT (M.), L’épopée cathare, 5 tomes, Perrin, 2002-2007.

ROQUEBERT (M.), Histoire des Cathares, Perrin, 2002.

BRENON (A.), Le vrai visage du catharisme, Loubatières, 1998.

COLLECTIF, Les Cathares, MSM, 2000.

LE ROY LADURIE et COLLECTIF, Les Cathares en Occitanie, Fayard, 1982.

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